Leslie Howard raconte :
En 1980, j'ai fait la connaissance du très regretté Ted Perry, qui venait de fonder Hyperion Records. J'ai fait mon premier enregistrement pour Ted avec le joueur de mandoline Keith Harris et s'il ne comportait pas de Liszt, il contenait une pièce de mon propre cru : Ramble on a Russian Theme. Il était clair que cette maison de disque allait prendre un drôle de risque ! Ted m'a demandé d'enregistrer les quatre sonates de Rubinstein et de faire un disque de curiosités qui s'est intitulé « Rare Piano Encores ».
En 1982, j'ai réuni toutes les valses originales de Liszt - les quatre Méphisto Valses et la Bagatelle sans tonalité, les quatre Valses oubliées, la Valse - Impromptu, la Valse mélancolique et la Valse de bravoure - et j'en ai fait la seconde partie d'un récital à Wigmore Hall qui commençait par la Sonate Hammerklavier de Beethoven. Cette « seconde partie » a duré une heure et quart, ce qui prouve que je suis incapable d'estimer avec précision la longueur d'un morceau de musique. Mais, grâce à l'enthousiasme de Ted Perry, elle allait aussi devenir le programme de mon premier enregistrement consacré à Liszt et le début de la série Liszt d'Hyperion.
Ce premier disque consacré à Liszt a été réalisé en octobre 1985 ; c'est probablement l'un des plus longs 33 tours jamais publiés. Il a été enregistré en numérique, si bien que lorsque le CD a été à l'ordre du jour, il a été publié dans ce format. Au cours de l'année 1986, j'ai voyagé à travers le monde avec dix programmes de récital qui regroupaient toutes les oeuvres originales publiées pour piano seul de Liszt - sans compter sa propre musique réarrangée par ses soins, dont je n'utilisais que les versions définitives - et, au début de l'année 1987, les enregistrements ont sérieusement commencé. On a écarté toute idée initiale visant à limiter l'envergure du projet - en excluant les transcriptions ou les versions alternatives, par exemple. Mais ni moi ni quiconque chez Hyperion n'avait vraiment calculé à quel point le travail allait s'amplifier au fur et à mesure de la découverte sans cesse croissante de matériel inédit. Au début, la série était planifiée sur 48 CD. Un peu plus tard, ce nombre a été réévalué à 70, puis 80, et finalement il y en a eu 94 (plus un CD en bonus).
Même Ted Perry aurait blêmi si j'étais allé le voir en 1985 pour lui dire : « Et si l'on enregistrait l'intégrale de la musique pour piano de Liszt ' Tout tiendra dans un peu plus de 90 disques ! » Mais au fur et à mesure que le projet se développait il gardait confiance et, même si la montagne a semblé une ou deux fois infranchissable, j'ai réussi à mener à bien le travail de préparation nécessaire à l'exécution et l'enregistrement de cette énorme somme de matériel." ()
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