L'écriture d'un concerto pour harpe et orchestre est très difficile sans doute...(+)
L'écriture d'un concerto pour harpe et orchestre est très difficile sans doute, mais tout à fait fascinante et inspirante. L'idée de ce concerto m'a été suggérée par la harpiste tchèque Jana Bouskova. L'oeuvre s'inspire de la ville de Prague. Encadrées par huit mouvements, maintes séquences reflètent sans aucune logique narrative divers phénomènes, situations, images et allusions étroitement liés à cette ville. Ce sont de simples dédicaces. J'aimerais un jour écrire une version pour harpe, quatuor à cordes et percussions dynamiques avec des mouvements sans déplacement. Les nouvelles dimensions de la musique sont la profondeur, la transparence, la fluidité et la luminosité.Krystof Maratka / Harpe Et Orchestre
Par LEMAITRE DOMINIQUE. Il y a plusieurs années j'ai débuté l'écriture d'un ...(+)
Par LEMAITRE DOMINIQUE. Il y a plusieurs années j'ai débuté l'écriture d'un cycle de pièces pour duos homogènes. J'ai ainsi composé Pulsars pour deux flûtes puis Orange and yellow, hommage à Morton Feldman pour deux altos, Orange and yellow II qui est une transcription pour deux violoncelles de la pièce précédente, Dans le jour loin pour deux sopranos sur un poème d'Alexis Pelletier et Séléné, hommage à Maurice Ohana pour deux guitares.
Et récemment, j'ai écrit Vif-argent pour deux harpes !
D'une manière générale ces oeuvres, conçues pour deux instruments ou deux voix identiques, apparaissent comme des compositions 'stéréophoniques'. Les deux parties sont égales et sans hiérarchie et elles utilisent le même matériau en s'échangeant même des motifs.
Vif-argent est l'ancien nom du mercure et j'avais sa double caractéristique - solide et fluide ou métallique et mobile - à l'esprit lorsque je composais cette partition. Sans oublier que le dieu grec Hermès (...Mercure chez les romains) est l'inventeur de la lyre !
Mais la cristallisation sur ce titre s'est définitivement produite à la lecture de cet extrait de Ulysse de Joyce dans la traduction d'Auguste Morel : «...L'ombre des forêts flottait dans la paix du matin entre la tour et la mer que regardait Stephen. Au creux de la baie et au large blanchissait la mer miroitante, éperonnée par des pieds fugaces et légers. Sein blanc de la mer nébuleuse. Les accents enlacés deux à deux. Une main cueillant les cordes de la harpe et mêlant leurs accords jumeaux. Vagues couplées du verbe, vif-argent qui vacille sur la sombre marée...»
Dominique Lemaître/ Répertoire / Harpe
Par PEPIN CAMILLE. Nighthawks est une oeuvre pour harpe solo. Lorsqu' Anaïs Gau...(+)
Par PEPIN CAMILLE. Nighthawks est une oeuvre pour harpe solo. Lorsqu' Anaïs Gaudemard [1] m'a demandé d'écrire cette oeuvre, elle souhaitait l'intégrer à un programme sur le thème des oiseaux. J'ai immédiatement pensé à l'oeuvre Nighthawks (1942) - ou Oiseaux de nuit - du peintre réaliste américain Edward Hopper (1882-1967). Inspirée par cette oeuvre, j'ai conçu la pièce d'un seul tenant comme un voyage au coeur de ce tableau.
Hopper y projette un 'instantané' de la vie quotidienne américaine. La scène se déroule à une heure avancée de la nuit et plusieurs atmosphères s'en dégagent. En effet, l'oeil est à la fois attiré par cette rue sombre, déserte, et immaculée d'un centre-ville américain - intrigué par la situation figée des quatre personnages à l'intérieur d'un diner aux couleurs vives - et hypnotisé par l'éclat de l'immense vitrine du bar. Contrastante avec l'obscurité de la rue, la lumière de cette vitre éclairée au néon est saisissante. Elle sépare ainsi les deux ambiances du tableau. La vue du spectateur à travers elle se fait de l'extérieur vers l'intérieur du bar. L'absence de porte de sortie donne l'impression que les personnages sont isolés et leur solitude est encore renforcée par cette vitre qui entoure la scène éclairée - comme s'ils étaient 'sous cloche'. A l'intérieur du diner, un homme vu de dos mange - un couple se tient côte à côte (l'homme fume - la femme est vêtue de rouge) - un serveur s'affaire. Nous ne savons rien d'eux. Que font-ils à une heure si tardive ? Où se trouve la sortie ? De quoi discutent-ils ? Se connaissent-ils ?
J'ai voulu concevoir musicalement cette scène du point de vue du spectateur, comme si nous étions happés, aspirés à l'intérieur même du tableau.
L'introduction - Mystérieux, sombre - fait entendre les douze coups de minuit et nous plonge dans l'obscurité de cette rue typiquement américaine. De cette atmosphère nocturne naît un chant étrange - presque 'ouaté' avec les sons xylophoniques - comme si nous ne pouvions l'entendre distinctement à travers la vitre lumineuse qui sépare la rue et le bar.
Happés par cette lumière vive, nous passons à travers la vitrine et rentrons progressivement à l'intérieur du diner au moyen d'une boucle hypnotique répétée inlassablement, comme si nous rentrions dans un état de transe - Hypnotique. C'est la tension sous-jacente de cette situation figée des personnages que j'ai voulu représenter dans le passage central - Rythmique et pulsé.
Puis, nous sortons de cette sensation d'hypnose en repassant à travers la vitre du bar et retrouvons l'atmosphère nocturne de cette rue déserte et immaculée - Hypnotique - Mystérieux.
Camille Pepin/ Répertoire / Harpe